7 questions à Thierry Huillet

1) Que pensez-vous de la musique contemporaine?

    Je ne réfléchis pas à la musique contemporaine.

    Contemporain signifie une seule chose pour moi : de nos jours !

    Un compositeur est contemporain tant qu’il n’est pas mort et son seul devoir est d’écrire la musique qu’il ressent.

    Et que son public pourra ressentir aussi, sans mode d’emploi.

2) De quel courant vous considérez-vous?

Je n’appartiens à aucun courant, j’écris tout simplement ma musique en sachant que je ne pourrais le faire si d’autres musiciens ne l’avaient pas fait avant moi : Bach, Beethoven, Liszt, Prokofiev, Bartók, Scriabine, Bloch, Duke Ellington, Queen…

J’espère figurer un jour dans la liste de quelqu’un !

3) Ecrivez-vous de la musique expérimentale?

Expérimenter veut dire chercher.

Tout créateur cherche. Alors, que serait la musique expérimentale? Ne serait-ce pas l’expérimentation, par le public, d’une expression musicale nouvelle?

J’essaie de montrer au public ce que je trouve, pas ce que je cherche… peut-être est-ce de la musique expérimentale !

4) Vous êtes fou des « Haïku »?

Depuis l’âge de trois ans j’adore le Japon. J’avais un jeu de cubes qui était déjà mon Haïku. Ce jeu montrait de magnifiques scènes de la vie japonaise et, en les observant, j’avais l’impression d’avoir vécu ces scènes dans une vie antérieure. Plus tard, j’ai découvert que le Haiku est la musique de mon âme.

Le Haïku atteint l’essence dans une brève évocation ou une description, sans prendre parti, sans mode d’emploi. La musique possède aussi cette ressource.

6) Quel est votre musicien favori?

Du point de vue professionnel, Rachmaninov : il est le plus grand pianiste de tous les temps et le compositeur le plus sincère du XXème siècle.
J’ai un coup de cœur pour les images d’une insoutenable intensité lorsqu’on le voit saluer du chapeau pour la dernière fois sa Russie, à bord du paquebot qui va l’amener pour toujours en Amérique, pays de son exil.

Mais dans mon cœur, si je tiens compte des plus hautes qualités humaines, comme la générosité, la passion, l’amour, l’énergie, la curiosité, je dirais Schumann. Et cela pas seulement par ce qu’il a aussi aimé sa Clara !

Toutefois, la meilleure réponse à cette question nous est donnée par Arthur Rubinstein, que j’aurais pu citer également comme mon artiste favori : chaque artiste est unique, il est un univers à part entière. C’est un non-sens de vouloir établir un classement. Nous avons profondément besoin du coté unique de chacun d’eux.

Photo Copyright Laura & Lan Nguyen